À vélo, Tony Letellier garde son esprit de combattant
Normand d’origine mais Quimpérois d’adoption, l’ancien militaire est devenu champion de France vétéran M4. Dans son viseur désormais, les championnats du monde.
Tony Letellier est un combattant. À l’époque, il survolait les champs de bataille d’Erythrée, de Syrie ou du Kosovo comme pilote d’hélicoptère de la marine. Depuis qu’il a raccroché l’uniforme il y a huit ans, il pilote son vélo avec la même détermination et affronte les revers avec la même pugnacité.
Déjà champion de France vétéran sur piste en 2013 et triple médaillé aux championnats d’Europe en 2012, le Quimpérois de 49ans s’est fait souffler le titre M4 (45-49ans) l’année dernière, « à cause d’une erreur en fin de course. Je m’étais mal préparé. Je l’avais mauvaise… ».
Ni une ni deux, il se promet de mettre toutes les chances de son côté pour la prochaine édition. Et la semaine dernière à Neubourg, Tony Letellier a tout explosé : vainqueur du 750m arrêté (trois tours de piste à parcourir le plus vite possible), il a relégué le deuxième à deux secondes, « du jamais vu ». Il a signé le deuxième temps toutes catégories en 53 » 02 et même « été le plus rapide sur le premier tour, face à des coureurs qui ont quinze ans de moins » se félicite-t-il. Avec une telle performance, la 4e mondiale de l’année en M4, Tony ira aux championnats du monde de Los Angeles avec des ambitions : « Un top 5 voire un podium. »
Rien qui ne soit dû au hasard : « J’ai bossé comme un fou » assène-t-il. Au point d’engager pour sa préparation, Stéphane Lebeau, « un coach canadien quatorze fois champion du monde vétéran ! On a fait des séances tous les jours pour une quinzaine d’heures de vélos par semaine. J’ai perdu 9 kg. On a aussi changé toutes mes méthodes pour quelque chose de plus scientifique, comme des capteurs de puissance, etc. ». Mais attention, « rien à voir avec le dopage hein ! Je ne rentre pas dans ces histoires-là. La santé c’est ma plus grande victoire ».
En fait, Tony a un secret, « un retard à la douleur. Chez moi, la formation de lactate qui encrasse le moteur des muscles se fait plus tard que chez les autres. On l’a mesuré en laboratoire et ça s’est bien vérifié à Neubourg ». Une particularité génétique qu’il doit peut-être à papa Letellier dit « Champignol » qui lui a transmis très tôt le virus de la pédale, alors qu’il roulait avec Jacques Anquetil ou Jean Jourdren (ancien champion du monde amateur) dans les années cinquante au club normand de l’AC Sotteville. « C’est un super-modèle qui, à près de 80 ans, m’accompagne partout, y compris à Los Angeles en octobre. » Entre-temps, il aura lui même transmis ses conseils aux jeunes de son club, l’AC Lanester 56. Passion quand tu nous tiens…
Article du Ouest-France, rubrique locale de Quimper, du 01/07/2017
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